EOS est un projet blockchain porté par le développeur Daniel Larimer, dévoilé et financé en 2017 puis mis en ligne en 2018 après une ICO de tous les records ayant duré un an et récolté jusqu’à 4 milliards de dollars via un mécanisme ingénieux mais douteux. Plus d’un an et demi après son lancement, faisons le point sur EOS.
Dan Larimer, un vétéran de l’écosystème
Dan Larimer n’est pas un nouveau venu, puisqu’il était déjà actif en 2010 au sein de la communauté Bitcoin, et affirmait alors que le réseau ne pourrait pas gérer un nombre important de transactions simultanées et risquerait donc d’être victime de son succès si le protocole étaient utilisé massivement comme moyen de paiement. Il réussissait alors à devenir l’une des seules personnes à avoir épuisé la patience de Satoshi Nakamoto, bien qu’au final, certaines des critiques de Larimer se soient révélées justifiées lors de la bulle de 2017.
Il lancera ensuite deux projets : le stablecoin BitShares qui a connu un succès plutôt confidentiel, et la blockchain dédiée aux réseaux sociaux Steemit qui avait déjà une base d’utilisateurs relativement importante avant qu’il n’abandonne le projet de façon soudaine.
EOS, la blockchain de “troisième génération” ?
C’est sept ans après les échanges avec Satoshi Nakamoto qu’EOS est présenté à la communauté. La proposition de valeur est claire : présenter la “troisième génération de blockchain”. EOS entend tenir compte des erreurs des premiers projets et franchir une étape supplémentaire via une technologie à la pointe du développement.
EOS s’affiche comme un concurrent direct d’Ethereum : elle offre un modèle de smart contracts similaire, et permet de construire facilement des applications décentralisées fonctionnant intégralement sur la Blockchain.
Si Bitcoin peut en théorie traiter sept transactions par seconde (tps) et Ethereum treize, EOS gère en moyenne 60 tps et a encaissé des périodes de pointe à 4000 tps sans difficulté.
Bitcoin nécessite en moyenne dix minutes pour valider une transaction, Ethereum une quinzaine de secondes, alors qu’EOS réalise deux validations par seconde, rendant quasi-immédiate la confirmation d’une transaction.
Le DPoS, un grand pouvoir qui implique de grandes responsabilitées
Si EOS peut afficher ces performances impressionnantes, c’est parce que Larimer a mis en place un protocole novateur de validation des transactions, le DPoS pour “Delegated Proof of Stake”. Au lieu d’utiliser de la puissance brute de calcul pour valider les transactions, on confie cette tâche à un club très privé de validateurs EOS, ou “Block Producers” (BP).
Pour faire partie de ses 21 membres, il faut montrer patte blanche en possédant du matériel puissant afin de permettre à la blockchain d’afficher des temps de réponse très réduits. Il faudra également se faire élire par la communauté dans un système ploutocratique où un token EOS équivaut à une voix, et où chaque propriétaire de token EOS peut à tout moment désigner un autre producteur de blocs comme représentant.
Au lieu d’utiliser de la puissance brute de calcul pour valider les transactions, on confie cette tâche à un club très privé de validateurs EOS, ou “Block Producers”
Ces validateurs s’arrogent ainsi non seulement la validation de toutes les transactions, mais également la création monétaire de nouvelles unités d’EOS, en récompense de leur contribution au réseau. Les investisseurs lambda ne peuvent donc pas bénéficier de la création monétaire comme dans d’autres modèles de Proof-of-Stake.
“Decentralised Enough” ?
EOS est donc intrinsèquement moins décentralisée que d’autres blockchains puisque 21 acteurs la gèrent. Ce pouvoir est cependant très surveillé par la communauté EOS et une action malhonnête serait rapidement synonyme de perte de la faveur des votes et donc de son statut.
Mais c’est cette centralisation qui permet à cette blockchain d’afficher des performances bien supérieures à la “concurrence” particulièrement représentée par Ethereum.
EOS est intrinsèquement moins décentralisée que d’autres blockchains puisque 21 acteurs la gèrent
Un projet qui a du mal à s’imposer
Si EOS a des qualités, on doit cependant admettre que la traction n’est pas au rendez-vous : EOS utilise une partie de son inflation pour financer des projets et de la recherche sur son protocole, mais ne voit ni son nombre d’utilisateurs, ni la valorisation de son token augmenter durablement.
Si EOS était valorisé à près de dix milliards de dollars au plus haut, la valorisation actuelle se situe aux niveau des fonds récoltés, soit quatre milliards, ce qui en fait tout de même la huitième valorisation sur le marché des cryptoactifs. Cependant, les seules applications actuellement en production et qui voient un certain usage sont des jeux vidéo et surtout des jeux d’argent.
EOS cherche bien évidemment à répliquer ce qui a du succès sur Ethereum avec des projets comme Equilibrium, qui copie la logique de MakerDAO pour créer un actif stable décentralisé.
Les seules applications actuellement en production sur EOS et qui voient un certain usage sont des jeux vidéo et surtout des jeux d’argent
Mais jusqu’ici rien n’y fait. EOS reste dans l’ombre de son rival Ethereum qui a su le premier attirer à lui une communauté de développeurs, d’investisseurs et d’entreprises désireuses d’utiliser sa technologie.
Notre avis est qu’EOS souffre de ses compromis sur le sujet de la décentralisation, qui ont certes des avantages techniques mais qui en contrepartie impactent la confiance de la communauté des cryptoactifs, toujours extrêmement soucieuse à ce sujet. La technologie fonctionne néanmoins et le projet a gagné suffisamment en importance pour que nous gardions un oeil sur son développement.
Acheter de l’EOS revient à parier que ce projet parviendra à attirer une masse critique suffisante d’intérêt autour de sa technologie, par exemple pour des projets spécifiques où des temps de réponse extrêmement courts sont essentiels, et ainsi se tailler une niche face à Ethereum.
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